Les titres rassemblés dans le présent fonds proviennent du château de La Ville sur l'actuelle commune de Marlieux. Ils concernent d'abord les seigneuries de Montrozard, à Saint-Germain-sur-Renon, et de La Ville, à Marlieux, toutes deux situées dans la principauté de Dombes.
La première mention du fief de Montrozard remonte à 1338 où Jean de Montrozard en fit l'hommage à la dame de Villars. Lors de l'hommage rendu en 1564, Antoine IV de Montrozard, lieutenant du gouverneur de Dombes, déclara pour ce fief une maison forte, un château avec un moulin et une petite rente. En 1569, ce dernier fit de sa fille, Françoise, son héritière universelle, placée sous la tutelle et curatelle de Pierre de La Balme, seigneur du Tiret ,et Claude Cholier, qui affermèrent Montrozard à Jacques de Romans. Par le mariage de Françoise de Montrozard avec René de Lucinge, en 1577, la seigneurie tomba dans le domaine du seigneur des Allymes. En 1594, le château dut affronter les assauts du marquis de Treffort jusqu'à sa destruction complète. Le seul homme rescapé témoigna en 1598 aux députés du prince de Dombes que toute la seigneurie était déserte et inculte, tous les habitants ayant été tués et dispersés. En 1618, Françoise de Montrozard, séparée de biens de René de Lucinge, fit plusieurs donations à ses enfants, dont le legs de tous ses biens à son fils Emmanuel de Lucinge. Celui-ci s'allia avec Catherine Dupuys puis testa en 1629, faisant de sa fille Françoise la nouvelle dame de Montrozard. La seigneurie revint ensuite à Pierre Aimé de Montfort, baron de Creste en Genevois, qui épousa Françoise de Lucinge. Il garda cette terre jusqu'en 1686, année où Françoise de Lucinge testa en faveur de Charles Emmaunel de Montfort, son fils, qui rendit foi et hommage de Montrozard en 1705. Il décéda vers 1711, provoquant la vente de la seigneurie par Marianne de Foudras, sa femme, et François de Montfort, son fils à Jean Baptiste Cusset.
Le fief de La Ville, tout comme celui de Montrozard, eut pour souverains primitifs les sires de Thoire-Villars, dont les premiers seigneurs connus rendirent hommage en 1366. A partir de 1459, les différents seigneurs qui se succédèrent à La Ville rendirent hommage au duc de Bourbon. Au XVIe siècle, le fief était tenu par la famille des Hugonnières dont Pierre et Claude donnèrent leur dénombrement en 1552. D'après l'aveu et dénombrement présenté par Claude des Hugonnières en 1675, ce fief, sans justice, consistait en une maison haute et basse avec fossés, pont-levis, murailles, tours, terres et rente noble, avec le grand et le petit étang de La Ville. A la mort de Pierre des Hugonnières, en 1707, décédé sans enfants, la maison de La Ville fut complètement incendiée et fut vendue la même année à Claude Perret, procureur au parlement de Dombes. Ce dernier la revendit en 1722 à Jean-Baptiste Cusset qui la même année s'était porté acquéreur de la justice de Marlieux.
Jean-Baptiste Cusset, nouveau propriétaire de Montrozard et de La Ville, est un marchand lyonnais. Mentionné comme tel en 1688, il est également mentionné administrateur des hôpitaux de Lyon en 1699 et 1722. Il accède à l'échevinage en 1722, devient 4e échevin en 1724, puis second échevin en 1725. Dès son arrivée à Marlieux, Jean Baptiste Cusset procède à plusieurs travaux de restauration au château de La Ville, aux dépens de celui de Montrozard dont les matériaux sont réutilisés dans le cadre de ces travaux. A sa mort en 1733, Louise Vérot, sa femme, devient dame de Marlieux et fait sa reprise de fief en 1736 ainsi qu'un dénombrement en 1739. La succession est ensuite assurée par les enfants de Jean Baptiste Cusset, désignés comme coseigneurs de Marlieux, Saint-Germain-sur-Renon, Montrozard et La Ville. Il s'agit de Gaspard Jean Baptiste Cusset, chevalier de l'Ordre royal de Saint-Louis, capitaine commandant au corps royal d'artillerie, Marguerite Louise Cusset, épouse de Joseph Antoine Michel, intéressé dans les affaires du roi, Catherine Françoise et Louise Cusset, résidantes à Lyon. Sous la Révolution, Gaspard Jean Baptiste Cusset est mentionné colonel directeur de l'artillerie des départements de la Côte-d'Or, du Doubs, du Jura et de l'Ain. Ses héritiers sont Marie Adélaïde Cusset Saint-Germain épouse Miron, Marie Cusset Saint-Germain épouse Chaumont, toutes deux domiciliées à Orléans, et Louis Bartholomé Dieudonné Cusset Saint-Germain, marié à Marie Anne Charlotte Royer. Ces héritiers vendirent le château de Marlieux et ses dépendances le 5 mai 1808 à Joseph Marie Marguerite Morel, dont on sait peu de choses, si ce n'est qu'il est originaire de Couzon-au-Mont-d'Or et qu'il fut propriétaire de plusieurs immeubles à Lyon.
Par testament, Joseph Marie Marguerite Morel légua ses biens de Marlieux et Saint-Germain-sur-Renon à Hugues Rémond, propriétaire à Couzon-au-Mont-d'Or, et à Isaac Rémond, propriétaire à Lyon. Ce dernier fut maire de Marlieux de 1865 à 1871 et resta au conseil municipal jusqu'à sa mort en 1909. Selon ses vœux, le château de La Ville devint un hospice privé en 1908.